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Des grimaces et des petitsplats
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25 janvier 2013

III- A n’y rien comprendre, mais alors vraiment rien.

III- A n’y rien comprendre, mais alors vraiment rien.

 

….Elle ne se trouvait plus du tout dans le cachot où elle s’était endormie, mais dans un endroit fort peu hospitalier, environné de ronces et d’épines qui ne semblaient pas s’être privés de l’attaquer, ce dont témoignaient d’innombrables écorchures sur ses bras et jambes. « Serait-ce donc là Pietpouriedde ? » Se demanda-t-elle. Elle se leva en constatant que le jour s’était levé, et qu’elle n’avait aucun souvenir de la manière dont on avait pu la mener jusqu’ici. Cependant, en marchant au hasard, elle finit par reconnaître ce lieu comme… le terrain vague, d’où elle était sortie avant de se retrouver mystérieusement chez les Poires. Elle demeura un instant ahurie. « Tout cela n’aurait été qu’un rêve ? Tout semblait pourtant si réel ! ». Pétrifiée, elle n’osait pas bouger, qu’allait-elle trouver en passant le grillage ? Retournerait-elle chez les Poires ? Ou bien, retrouverait-elle le chemin de Massillargues ? Elle voulu en avoir le cœur net. Elle s’élança donc à toutes jambes, oubliant les ronces et se précipita hors du terrain.

 

 

***

 

« Je te jure, disait Hajira à sa sœur, c’est la vieille femme qui m’a transposée là-bas, et ce n’était pas un rêve ! »

Hajira était bien revenue dans son monde, mais elle refusait de croire que son aventure chez les Poires n’avait été qu’un rêve. Se pouvait-il vraiment qu’elle se soit endormie après avoir fuit la vieille sorcière ? Pour se convaincre du contraire elle racontait à sa sœur tous les détails de l’histoire et celle-ci bien évidemment ne la prenait pas au sérieux.

« Voyons Hajira disait-elle, c’est très bien d’avoir une imagination aussi débordante, mais il faut aussi savoir garder les pieds sur terre, sinon tout le monde finira par croire que tu deviens folle !

Je m’en moque, si tu veux savoir ! Rétorqua Hajira. De toutes façons, je savais bien que tu ne me croirais pas.

-          C’est déjà un bon signe que tu n’est pas complètement folle, alors. Allez ! Va mettre la table. »

Plus tard dans la soirée, Hajira essaya de convaincre son frère mais celui-ci ne la crut pas davantage. Par dépit, elle tenta enfin d’aborder le sujet avec son père qui rigola de son extravagance. A la fin, elle se persuada elle-même que le roi Poirot et son royaume n’existait pas pour de bon, et il se passa plusieurs semaines avant qu’elle n’entendit à nouveau parler de Poires…

Cela ne se produisit pas de manière moins mystérieuse que la première fois.

Cette fois ci, elle ne jouait pas a l’élastique en compagnie de ses amies. La vieille femme se manifesta dans le rayon « spaghettis et macaronis » du supermarché Auchan, où Hajira accompagnait son père et sa sœur pour les courses de la semaine. Elle était comme tous les autres clients occupée à comparer le prix des pâtes, et en lisait méthodiquement les étiquettes. L’arrivée de Hajira ne lui échappa pas. Elle se contenta de lui sourire énigmatiquement en révélant un dentier  quelque peu aéré.

Hajira n’en avait plus peur. Elle soutint son regard, et au moment où elle s’approcha d’elle avec la ferme intention de lui demander des explications sur son aventure chez les poires –qu’elle avait finit par classer aux nombres de ses rêves extravagants- celle  ci se détourna et disparu à l’angle du rayon « sauces tomates Panzanni ». Elle la suivit, traversa ainsi le rayon des pâtés pour chats, celui des produits d’entretien ménager, et finit par se retrouver tout au fond du magasin, près de la porte bâchée qui donne accès à l’entrepôt. A sa grande surprise, la vieille femme, toujours vêtue de noir s’y précipita.

Hajira la suivie se frayant un passage entre les machines a laver, les frigidaires et les chaises longues de jardin. La vieille femme l’entraîna jusqu'à la sortie du magasin, qui selon toute probabilité devait déboucher sur le parking ou les gros camions venaient livrer leur marchandise ; seulement il ne s’y trouva ni camion ni plus que de vieille femme qui s’était comme volatilisée avalée crue par des ténèbres épais. Hajira eut l’impression d’avoir perdu la vue pendant un court instant. Cependant que sa tête cherchait a comprendre, ses yeux finirent malgré tout par s’habituer a cette obscurité et reconnurent en ce lieu insolite le fameux cachot ou elle avait atterrit au cour de sa précédente aventure au pays des Poires. Se retournant vers l’endroit d’ou elle venait d’arriver elle ne put distinguer aucune issue dans un mur uniforme.

C’est alors que tout lui revint en mémoire. Elle se rappela Poirilla et se demanda ce qu’il était advenu d’elle. Elle n’eut le temps d’émettre aucune hypothèse la concernant que la porte du cachot s’ouvrit en grinçant pour laisser apparaître un mince filet de lumière. Poirilla entra soigneusement portant une bougie dans une main et un sac en bandoulière. Elle referma la porte et posa la bougie.

« Voilà, dit-elle, je pense que ceci est exactement ce qu’il vous faut. Je viens juste de les cueillir dans le jardin. »

Ce disant elle sorti de son sac un étrange légume et le présenta a Hajira, qui bien entendu ne sut qu’en faire.

« mangez, dit Poirilla, c’est très bon. »

Bien que légèrement sceptique, Hajira dut admettre que le légume –ni vert ni jaune ni rouge comme eu pu l’être un poireau ou une pomme de terre ou encore une tomate-, mais rose, était bien destine a la consommation. Se persuadant qu’il s’agissait  d’un radis géant elle en croqua un morceau et ne put retenir un cri de bonheur.

«  Ce que c’est bon dit-elle !

- Evidement, assura Poirilla, tout le monde aime le roidudu ! c’est le légume le plus cher et le plus difficile a élever, et les nounous du château sont diplômées de la plus grande école d’éducation de légume du pays, la fameuse EEL, tout est parfait ici, il n’y a jamais de problème. »

Poirilla s’était mise a parler seule, sans même s’inquiéter de ce que Hajira pouvait penser ou comprendre.

« Moi même je dois choisir une des plus grandes écoles du Pays, et je n’ai pas la permission de choisir ce que je veux étudier ce sera ou la ‘communication avec le mobilier’ ou ‘l’art de la maturation des nouveaux nés’ ou ’le génie de la suggestion textile’ l’école normale des Poires d’intérieur, ou bien ‘le dressage des plantes chanteuses et danseuse d’intérieur’. Vous avez tellement de chance vous les humains !

« Ah bon ! » s’exclama Hajira qui venait de terminer son roidudu.

« Mais bien sur, pour nous les Poires il n’y a pas d’issue, surtout pour une princesse comme moi ! » et Poirilla se mit a pleurer.

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Commentaires
K
J'adore cette petite histoire, surtout car j'imagine les mimiques d'Hajira. Y aura-t-il une suite?
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